Malizia
(Salvatore Sampieri – 1973)
Ignazio de la Brocca, riche marchand de tissus, vient de perdre sa femme. Le jour des funérailles, arrive Angela qui doit commencer son service de bonne. Très vite le père et ses trois fils sont charmés par la grâce de la jeune femme mais très vite aussi il apparaît qu’Angela n’est pas sans susciter certains désirs ancillaires. Mis à part le père qui songe sérieuement à se marier avec cette femme parfaite, Anthony, l’aîné, aimerait tout simplement bien se taper la bonne mais voit ses avances repoussées. Nino, environ quinze ans, fantasme lui aussi beaucoup sur Angela mais utilise une autre méthode que son frère pour tâter intimement l’objet de ses désirs. Comprenant qu’Angela ne dirait pas non à une demande de mariage de son père, il manigance des pièges pour lui faire comprendre qu’il a tout pouvoir pour empêcher de nouvelles noces. Angela cédera-t-elle aux avances du merdeux pour avoir la paix et assurer son but ?
Après l’excellent Ma Femme est un violon j’enchaîne avec ce Malizia à l’énorme réputation. Gros succès au box office italien en son temps, on pourrait peut-être à se risquer à une petite comparaison avec Emmanuelle en ce qu’il s’agit d’un film érotique qui semble avoir énormément marqué le public à une époque donnée (une suite a d’ailleurs été réalisée bien des années plus tard, Malizia 2000, avec toujours (!) Laura Antonelli). Après, mieux vaut ne pas pousser trop loin la comparaison tant les films sont différents, notamment du point de vue de l’érotisme. Dans Emmanuelle, les scènes de fesses sont plutôt bien représentées tandis que dans Malizia, on ne peut pas vraiment dire qu’Antonelli fasse don de sa petite et pulpeuse personne avec la même fréquence que dans Ma Femme est un Violon. La voir nue va demander au spectateur d’être patient…
Dans un film érotique, un personnage de bonniche se doit de faire à un moment le ménage sur un escabeau.
Après, lorsque la scène arrive, il faut reconnaître qu’on en a pour son argent. C’est toute l’intelligence de ce film d’éviter de livrer d’emblée au regard concupiscent des personnages une Laura Antonelli totalement effeuillée. Son corps sera montrée par bribes ou à travers des objets fétiches (l’inévitable culotte) et ce sera suffisant pour patienter.
L’art de l’amuse-gueule érotique en attendant le morceau de bravoure.
Surtout, il y a l’évolution de Nino, en plein tension adolescente, à la fois terriblement gamin (ses pleurnicheries volontaires en pleine nuit pour déstabiliser la maison), et en même temps désireux de jouer au petit adulte, doublement frustré qu’il est par la présence d’un grand frère que l’on devine futur monsieur de ces dames, et par celle d’une femme qui exaspère ces désirs. En cela le film porte bien son titre. Car derrière l’aspect angélique d’Angela (la bien nommée) et de Nino à qui on donnerait le bon Dieu sans confession, il y a bien une « malice » qui transparaît, malice au sens quasi religieux. Le Malin est dans la place, Malin qui semble prendre un « malin » plaisir à pervertir ces jeunes âmes mais aussi bafouer les sentiments pieux et filiaux. Il faut ici la jolie insolence satirique de Sampieri qui, lors de la scène inaugurale de l’enterrement de la mère, nous montre des enfants qui n’en ont pas grand chose à foutre de la mort de maman :
Le petit Enzino joue à la marelle sur une tombe tandis que Nino mate le gros cul d’une connaissance de la famille.
… mais aussi la maman en question avec une vilaine bestiole sur son pif :
ou encore le papa se curant discretos le nez entre deux pleurs factices :
Et je ne parle même pas d’Enzino qui refuse obstinément d’embrasser sa chère grand-mère sous prétexte qu’ « elle pue ». Bref, on a compris, le terreau est fertile et le Diable n’a que peu de mérite à envoyer dans cette famille son ange en jupon et pourvu de mamelles que Saint-Antoine lui-même n’aurait pu stopper avec son ridicule crucifix. Victoire facile du Malin donc, et c’est tant mieux comme cela. Malizia est une excellente comédie érotique qui réussit le tour de force de faire avaler au spectateur 90 minutes en un clin d’œil alors qu’il n’y a qu’une seule scène de fesses. La commedia scollacciata at its best !
7,5/10
+
– délicieusement mal poli
– Laura Antonelli au sommet de sa beauté.
– J’ai adoré Turi Ferro en père de famille distribuant à tout va des torgnoles à ses cons de fils.
–
– Peu de scènes de fesses mais, comme indiqué ci-dessus, ce n’est finalement pas un défaut.