The Sentinel
(Michael Winner – 1977).
Tout va bien pour Allison Parker : sa vie de top model bat son plein, elle est fiancée à un avocat prometteur et, en attendant de construire sa vie avec lui, elle prend possession d’un spacieux appartement à New York. Tout va bien donc, même si l’immeuble où se trouve l’appartement renferme de curieux personnages, à commencer par un vieux prêtre aveugle qui semble passer ses journées à faire la sentinelle à sa fenêtre. Et puis, il y a ces migraines de plus en plus violentes qui contribuent à pourrir le quotidien d’Allison, ces cauchemars et surtout de curieux bruits qu’elle entend la nuit à l’appartement du dessus, supposé être inoccupé…
Chier dans son froc n’est jamais agréable mais toujours un gage de réussite pour un film fantastique. Aussi vous conseillerais-je de mater the Sentinel tout seul pour ne pas connaître une expérience humiliante, surtout si vous êtes du genre impressionnable et réceptif aux bonnes vieilles ficelles de la caméra subjective, celle qui vous fait vous accrocher aux accoudoirs de votre fauteuil tout en pestant intérieurement contre cette fille qui ressent le besoin d’aller voir en pleine nuit ce qui se passe à l’appartement du dessus. On est sensible au moindre son, on aimerait exploser le cadre pour voir ce qu’il y a à droite ou à gauche du champ de vision de l’héroïne, on anticipe à mort sur ce qui va se passer bref, on se sent piégé tout en ressentant le plaisir de l’être. Vieilles ficelles donc, mais ficelles bien nouées par Winner qui va par exemple rendre marquante, inoubliable, la silhouette de… quelqu’un, qui traverse simplement une pièce sous les yeux d’Allison.
Une figure rassurante : un Christopher Walken fort jeune.
Et puis, il y a le poisseux. C’est bon ça, le poisseux, et on peut dire que le père Winner nous en offre de généreuses rasades. On pense ici au Locataire (mais aussi Rosemary’s Baby) de Polanski avec son immeuble glauque et ses occupants bien atroces. C’est le même topo ici avec une galerie de gueules antipathiques dont celle de ce bon vieux Burgess Meredith qui n’est manifestement pas ici pour faire frapper la frêle Allison dans des sacs de sable.
Et on remplace la poule de Rocky II par un canari à qui il va arriver malheur.
Cet immeuble, c’est un peu la petite boutique des horreurs et le contraste est accentué avec le choix de Christina Raines dans le rôle principal, sur les traces de Mia Farrow dans Rosemary’s baby dans le genre grande beauté qui s’étiole peu à peu pour devenir maladive. L’humanité cloaqueuse qu’elle côtoie ne fait pas envie, tout comme le traitement du sexe et de la violence. Une scène d’orgie, normalement, c’est y’a bon ! Mais là, comment dire ?… un vieux, une grosse, une maigre et un gâteau dégueulasse, à moins d’être un amateur de porno allemand, difficile d’apprécier.
Il faudrait évoquer aussi d’autres scènes marquantes, notamment lors des dix dernières minutes mais on va éviter. Ce serait déflorer le plaisir, plaisir de se coltiner des images qui vous attirent au fond du bois pour faire un gang bang avec votre santé mentale. A ce charmant petit jeu, notez que les inconditionnels de Jérome Bosch et de Francis Bacon seront peut-être davantage protégés que les autres…
7,5/10
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– Ça tue complètement la gueule.
– Un plaisir de revoir le beau minois de Christina Raines après son rôle la même année dans The Duellists.
– Martin Balsam, Christopher Walken, Eli Wallach, Ava Gardner, Burgess Meredith… merde quoi !
– 100% déviants approved.
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– Ça tue quand même un peu trop la gueule.
– On fantasme sur les plaisirs saphiques ? Ça va débander sec !
– Une fin un peu cousue de fil blanc surtout si l’on a en tête le Locataire.