Rocky
John G. Avildsen – 1976
Ce qui rend Rocky encore attachant plus de quarante ans après sa réalisation ? Avant toute chose sa représentation de la misère. C’est tout le paradoxe d’un film qui nous vend une histoire de champion en quête d’un titre mais dont le propos réel n’est rien d’autre que d’une quête intérieure qui se réalisera à travers la conquête d’une femme et d’une dignité retrouvée. La boxe ? Elle n’a finalement droit qu’à une portion congrue, le temps d’un hideux combat en ouverture, d’un premier footing calamiteux (après une heure dix de film !), d’une scène d’entraînement plus glorieuse puis d’un combat haletant. Le reste ? Ce ne sont que les déambulation dans une Philadelphie qui ne fait pas envie (et qui pourtant fascine à travers les plans de James Crabe) d’un paumé – un « bum » -, des scènes navrantes de recouvrements sur les docks, le quotidien des employés dans un abattoir, un futur beau-frère grossier, alcoolique et terriblement maladroit (et en même temps drôle , le « voilà ce que j’en fais de ta dinde ! » est purement magique), un appartement crasseux et sordide et une petite amie dont la timidité au début donne l’impression d’un sérieux retard mental. La séduction du « bum » pour essayer de la conquérir est souvent effroyable et gênante, surtout lorsqu’il la raboule dans son appartement : marcel pour montrer ses muscles, animaux dans l’aquarium, luminosité dégeulasse et pourtant, pourtant, difficile de ne pas être touché lorsque l’on voit ces deux êtres s’embrasser fiévreusement à pleine bouche. Difficile encore de dire s’il s’agit d’amour ou juste d’un désir de s’affranchir d’une solitude aliénante. Le film précisera les contours de cette relation. Lire la suite