Le Locataire

(Roman Polanski – 1976)

Un jeune homme d’origine polonaise, Trelkovsky, souhaite louer un appartement dans un immeuble parisien. Ses recherches le mènent à un appartement vacant du fait du suicide de sa précédente locataire, Simone Choule. Après quelques tractactions épineuses auprès du propriétaire, un homme peu arrangeant, il finit par l’obtenir. Mais très vite une suite d’événements de plus en plus troublants vont rendre sa vie dans l’immeuble insupportable. Peu à peu la santé mentale de Trelkovsky se détériore…

Le Locataire, le plus grand film fantastique ? Un des meilleurs en tout cas tant malgré son ancrage dans les années 70 il parvient à résister au temps et à supporter encore de multiples visionnages. Brillant dans son souci du détail qui appelle à une multitude d’interprétations permettant d’enrichir sans cesse le film, le film n’est pas sans évoquer Shining et sa manière de constituer une matrice interprétative infinie. Avec, dans les deux films, un point commun : celui de l’éternel recommencement entre un esprit et une victime. Dans Shining c’est le fantôme de Grady qui passe le témoin à Jack Torrance, dans le Locataire c’est une Simone Choule momifiée qui va être le point de départ à une descente aux enfers qui mènera Trelkovsky à reproduire le suicide de Choule.

Polanski et la meute

Polanski, voilà l’exemple d’un artiste qui connaît l’infortune de voir associé à son nom une tare (la ««« pédophilie»»» mais avec de triples guillemets tant il s’agit d’un énorme raccourci) qui balaie l’œuvre, et de manière définitive, dans l’esprit des simples. On connaissait Céline et l’antisémitisme mais il serait en fait impossible de dénombrer le nombre d’artistes ayant dans leur vie un fond de placard ne sentant pas très bon. Avec bien souvent une constante donc, constante aggravée par le pullulement de jugements péremptoires que permet le net, celui de faire passer l’homme avant l’artiste et de répudier ce dernier quand bien même ce dernier continuerait de créer des chefs-d’œuvre.